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Les outils ne sont pas neutres. La technique est toujours une pensée matérialisée. L’objet, le système ou le processus résultant incarne une vision du monde et certaines valeurs particulières.

Ce constat est d’autant plus saillant lorsque la pensée est formalisée sous forme de code informatique, que l’on peut littéralement (et éventuellement littérairement) lire et analyser.

Les outils ne sont pas seulement des outils. Ils sont des interfaces cognitives qui présupposent des formes de disciplines et d’organisation mentale et physique. En scriptant des actions, ils produisent et transmettent le savoir et, par là même, modélisent un monde.

Digital_Humanities, p. 105

Les outils sont donc des agents non neutres de la pensée. En tant qu’«interfaces cognitives», ils déterminent les conditions d’accès et de possibilité du savoir (ce qui est techniquement possible de faire – donc possible – et ce qui n’est pas techniquement possible de faire – donc impossible). L’intrication entre la technique et l’intellect est telle que ces derniers ne peuvent pas être séparés.

La deuxième partie du passage est significatif: les outils (en particulier le code) permettent d’opérationnaliser des visions du monde, de les «mettre à exécution». Ils rendent techniquement possible un projet, une idée, et mettent en lumière le pouvoir de l’écriture, son caractère opérant.

Scripter: écrire pour exécuter. (D’où l’importance fondamentale de la technique.)