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Expression rapportée d’Anthony Masure un récent article:

Dans la culture des logiciels libres, il est hasardeux de penser en termes de simples «outils» ou de «solutions»: n’étant pas gérés par des entreprises avec des objectifs de rentabilité, les environnements de travail libres de droits nécessitent une compréhension des valeurs du partage et de la contribution, et une implication dans le design des protocoles. Les logiciels libres sont souvent rugueux voire contre-intuitifs, et mettent à mal l’assignation de n’être que des «usager·ères».

Anthony Masure, Ouvrir le livre. HEAD – Publishing, une cellule éditoriale engagée dans la dissémination des savoirs, 2021

Cette «rugosité» peut se faire en écho à la notion d’«utilisabilité inamicale» (contrepartie du très répandu user-friendly) énoncée par les designers critiques Anthony Dunne et Fiona Raby.

La friction des logiciels libres les libère justement d’un défaut congénital des belles interfaces léchées-serrées: en évitant la posture passive de l’«usager·ère», ils dépassent la binarité simpliste «outil-solution». Ils s’insèrent dans des processus fluides et dynamiques qui ne sauraient être figés par une façon de faire prédessinée par des informaticiens-programmeurs-ingénieurs-designers, dont le travail est (souvent) défini par les dictats du marché ou du capital (au lieu d’être centré sur les réels besoins de la communauté, le respect des droits des utilisateurs·trices, au service de la pensée critique).