C’est de ce principe de comparaison que naissent ces deux appétits irréguliers pour le mal.
Hume a déjà présenté le grand écueil épistémologique des hommes, la comparaison – source d’orgueil significative. Il s’en sert pour expliquer l’envie et la méchanceté, deux passions (supplémentaires) qu’il distingue ainsi:
Par ce raisonnement, on pourra aussi bien expliquer l’origine de l’envie que celle de la méchanceté. La seule différence entre ces passions tient à ce que l’envie est suscitée par quelque jouissance actuelle d’autrui, ce qui diminue par comparaison l’idée que nous nous faisons de la nôtre propre; tandis que la méchanceté est le désir immotivé de faire du mal à un autre dans le but d’en récolter un plaisir par comparaison.
C’est la proximité avec autrui (la ressemblance, la similitude de condition) qui suscite l’envie. Un paysan envie moins un riche seigneur qu’un autre paysan du même rang mieux fortuné que lui. La méchanceté consisterait pour le premier à saboter le deuxième afin de se sentir moins inférieur, par comparaison.
Ce n’est donc pas par méchanceté pure que les êtres humains sont méchants, mais toujours en ramenant la situation à eux-mêmes, à leur propre orgueil.