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Ajoutez à cela que la pitié dépend, dans une large mesure, de la contiguïté, voire du spectacle même de l’objet; preuve qu’elle dérive de l’imagination.

David Hume, Traité de la nature humaine, livre II, partie II, section VII

Il y aurait plusieurs causes («Ajoutez à cela») à la pitié et la compassion, que Hume n’énumère que partiellement; mais celle de l’#imagination serait la principale, la plus importante, dont il ne faudrait pas sous-estimer la puissance, les effets. C’est elle qui cause, «dans une large mesure» selon Hume, la pitié et la compassion, puisque ces passions apparaissent même lorsqu’aucun mal réel n’arrive:

[L]’imagination reste néanmoins affectée par la règle générale et nous porte à concevoir une idée vive de la passion, ou plutôt à sentir la passion elle-même, tout de même que si la personne y était réellement soumise.

La vue d’une arme (une lame, une épée, par exemple) suscite naturellement un sentiment de pitié en raison du mal que cet objet peut engendrer chez autrui, même si rien ne se produit. Hume insiste tant sur la certitude des données de la perception (la double relation d’impressions et d’idées, qui ne cesse de revenir), on ne saurait ignorer l’effet, potentiellement trompeur mais non moins réel, de l’imagination sur les passions.

Un spectateur passe par toute une longue suite de chagrin, de terreur, d’indignation et autres affections que le poète représente par les personnages qu’il introduit dans sa tragédie.

Une histoire, bien que factice, est suffisante pour nous émouvoir.

Nous serions donc (corollaire suspect) naturellement compatissants.

Faut-il se méfier de passions dérivant de causes aussi faciles à produire, à simuler?