En examinant les ingrédients susceptibles de s’unir à l’amour et à la haine, je prends graduellement conscience d’un malheur qui affecte tous les systèmes de philosophie que le monde ait jamais connus. […] [I]l est toujours quelque phénomène plus rebelle qui ne se laisse pas ployer comme on le voudrait.
Hume est-il en train de concéder des lacunes de son système?
…non:
Mais comme les perceptions de l’esprit sont parfaitement connues, et comme j’ai usé de toute la prudence imaginable pour tirer mes conclusions à leur sujet, j’ai toujours souhaité me débarrasser des contradictions qui entachent les autres systèmes. En conséquence, la difficulté qui se présente n’est en aucune façon contraire à mon système; elle l’éloigne simplement quelque peu de la simplicité qui en faisait jusqu’alors la force principale et la beauté.
Hume est vaniteux (littéralement1): son système est le meilleur, soutient-il, parce que les données de la perception sont si certaines, et parce que les «lois» qu’il déduit sont si simples.
Le philosophe n’admet pas qu’il avait tort, recourant à des arguments naturalistes pour balayer de la main les contradictions apparentes de son système (qui seraient simplement des variantes compatibles, cohérentes avec son système):
La nature, qui a doté le corps de certains appétits et inclinations qu’elle accroît, diminue ou change en fonction de la situation des fluides et des solides, a procédé de même avec l’esprit.
Mais Hume s’est trompé: son système à quatre passions était trop beau (simple2) pour être vrai (complet).
Hume est vaniteux, littéralement, dans ses propres mots: «Tout ce qui appartient au vaniteux est toujours ce qu’on peut trouver de mieux.» (#085). ↩︎
Corollaire: la simplicité participe de la beauté d’une chose. ↩︎