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Journal

L’observation de la commodité donne du plaisir, puisque la commodité est une beauté.

David Hume, Traité de la nature humaine, livre II, partie II, section V

Hume remarque notre estime naturelle pour les propriétaires de belles richesses. Ce qui est beau procure du plaisir, naturellement.

Mais de quelle manière donne-t-elle du plaisir? […] Nous épousons son intérêt par la force de l’imagination et sentons cette satisfaction même que les objets lui procurent naturellement.

David Hume, Traité de la nature humaine, livre II, partie II, section V

La possession d’objets de beauté (Hume prend l’exemple de chaises, de voitures et d’objets techniques en général – objets de #design pourrions-nous dire plus tardivement1) est une chose agréable. Par la faculté de l’#imagination, l’esprit d’un·e observateur·trice sympathise avec le propriétaire de ces commodités.

Par exemple: j’estime naturellement le propriété d’un fauteuil Barcelone ou d’une petite maison chaleureuse généreusement fenestrée intégrée harmonieusement à son environnement naturel, puisque je trouve ces objets beaux et de bon goût. Par sympathie, je suis naturellement porté à aimer la personne propriétaire de tels objets.

La possession de biens matériels est justement source de vanité par excellence:

[L]e propriétaire tire aussi des richesses une satisfaction secondaire qui naît de l’amour ou de l’estime qu’il acquiert par leur moyen; et cette satisfaction n’en est que le point de départ. Cette satisfaction secondaire ou cette vanité devient l’un des principaux titres par lesquels la richesse se recommande; elle est la raison capitale qui nous la fait désirer pour nous-mêmes et estimer chez les autres.

…et de vanité mal placée lorsque ces possessions sont de mauvais goût (une McMansion gigantesque mais sans saveur ni âme, constituée de matériaux hideux et bon marché, par exemple).


  1. L’usage du terme «design» serait totalement anachronique chez Hume, le terme n’apparaissant qu’à la fin du 19e siècle et plus significativement au courant du 20e siècle, à la suite des «arts industriels». Faire usage du mot «design» comme adjectif («objets design») en connotant une dimension purement stylistique, voire cosmétique du design (une cuisine «design» photogénique mais mal conçue qui empêche de cuisiner à son aise) – jugement qui serait à la fois erroné et réducteur. ↩︎