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En substituant le vice à la vertu, je convertis l’impression plaisante qui naît de la dernière en celle, désagréable, qui provient du premier. Ces effets répondent encore à l’espérance. Le vice, découvert en autrui, suscite, au moyen de ses doubles relations, la passion de la haine, qui se substitue à l’amour; quant à l’amour, il naît, pour la mieme raison, de la vertu. Pour prolonger l’expérimentation, je change à nouveau la relation des idées et je suppose que le vice soit le mien. Que s’ensuit-il? Rien que d’ordinaire. Un changement subséquent de la haine à l’humilité. Cette humilité, je la convertis en orgueil par un nouveau changement de l’impression; et je trouve, pour finir, que j’ai fermé le cercle et que j’ai, au terme de ces changements, ramené la passion exactement dans la situation où je l’ai initialement trouvée.

David Hume, Traité de la nature humaine, livre II, partie II, section II

Le style géométrique de l’argument de Hume (c’est un cercle) est séduisant: il passe d’une passion à l’autre, par transitivité, afin de montrer la complétude et l’unicité de son système sur les passions.

Ce qui est vertueux est agréable, engendrant soit les passions d’orgueil (chez le moi) ou d’amour (chez autrui); ce qui est pénible est vicieux, engendrant l’humilité chez soi et la haine chez l’autre. Le passage d’une passion à une autre se fait naturellement aux yeux de Hume.
Le cercle des passions de Hume

Ce qui est vertueux est agréable, engendrant soit les passions d’orgueil (chez le moi) ou d’amour (chez autrui); ce qui est pénible est vicieux, engendrant l’humilité chez soi et la haine chez l’autre. Le passage d’une passion à une autre se fait naturellement aux yeux de Hume.

Il donne ainsi l’impression d’avoir fait le tour des passions possibles et donc que son système fonctionne sans failles – en partie peut-être parce qu’il est si simple, ce qui laisse peu de place aux erreurs introduites par la complexité.