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Les êtres humains cherchent sans cesse à améliorer l’opinion qu’ils ont d’eux-mêmes, à flatter leur orgueil. Un moyen naturel et efficace consiste à se comparer à autrui (quitte à s’inventer des histoires):

La comparaison est, en tout cas, une méthode sûre pour augmenter notre estime d’une chose. Un riche sent mieux la félicité de sa condition s’il l’oppose à celle d’un mendiant. Mais l’avantage revient tout particulièrement au pouvoir par la différence qu’il nous présente entre nous-mêmes et la personne que nous commandons. La comparaison est ici évidente et naturelle; l’imagination la trouve dans le sujet lui-même, et la pensée passe à sa conception sans heurts ni difficultés. Cette circonstance, comme il nous apparaîtra clairement par la suite lorsque nous examinerons la nature de la méchanceté et de l’envie, produit l’effet très remarquable d’augmenter l’influence de cette comparaison.

David Hume, Traité de la nature humaine, livre II, partie I, section X

Parmi les causes de l’orgueil, celui de la richesse (de la propriété) semble avoir naturellement le plus de poids – vanités à l’appui.

La comparaison est l’un des procédés épistémologiques préférés de Hume: les relations entre les idées naissent presque toujours de rapports de ressemblance ou de contiguïté (comme le rapprochement entre les humains et les autres animaux). Le philosophe ne saurait s’en passer, d’autant plus que ce procédé parle si bien au sens commun.

Même en amour, les humains (peu rationnels) ne cessent de verser dans la comparaison; Hume le souligne, c’est de là que naissent les passions les plus terrifiantes, celles de l’envie et de la méchanceté – mais n’en parlons pas tout de suite. Rappelons simplement qu’encore une fois, c’est le regard d’autrui qui compte le plus, et qu’on n’agit non par bienveillance mais toujours pour l’estime de soi.