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Les hommes tiennent toujours compte des sentiments d’autrui pour se juger eux-mêmes.

David Hume, Dissertations sur les passions, section II, §11

Hume affirme que nous existons principalement à travers le regard (et les opinions) des autres. Il note cependant que cette assise de notre propre orgueil est plutôt fragile:

La société et la sympathie affectent considérablement nos opinions en tout genre et il nous est presque impossible de soutenir un principe ou un sentiment contre l’assentiment de tous ceux dont nous partageons l’amitié ou que nous fréquentons. Mais de toutes les opinions, celles que nous formons en notre faveur ont beau être flatteuses et présomptueuses, elles sont aussi, en fin de compte, les plus fragiles et les plus faciles à ébranler par la contradiction et l’opposition d’autrui.

David Hume, Dissertations sur les passions, section II, §10

On recherche naturellement l’accord des autres, cela nous fait plaisir; le désaccord des autres nous froisse. Cela est encore plus vrai des personnes qui sont en étroite connexion avec soi:

L’approbation de ceux que nous estimons et approuvons nous donne plus de satisfaction que l’approbation de ceux que nous méprisons et dédaignons.

David Hume, Dissertations sur les passions, section II, §10

L’opinion et le sentiment des personnes proches de soi comptent pour beaucoup. Ce que l’aimé·e dit à l’amant·e (sur ses qualités comme sur ses défauts) aura un impact immense sur la perception de l’amant·e d’elle-même, de lui-même.

Hume suggère donc de ne pas prendre à la légère les remarques faites à l’endroit des personnes qui nous sont chères: elles seront aussi flattées par une remarque agréable (recevoir un compliment, une louange) que froissées par une contradiction humiliante (se faire souligner une laideur, un défaut).