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[…] le plaisir et la douleur, s’ils ne sont plus les sources des distinctions morales, ne peuvent néanmoins se séparer d’elles. D’une part, la simple considération d’un caractère noble et généreux nous remplit de satisfaction et ne manque jamais de nous charmer et de nous enchanter ne fût-ce que par sa présence dans un poème ou dans une fable. D’autre part, la cruauté et la traîtrise déplaisent par leur nature même; et, qu’elles se trouvent en nous-mêmes ou chez les autres, il n’est jamais possible de s’en accommoder. La vertu produit donc toujours un plaisir distinct et l’orgueil ou de la satisfaction de soi qui l’accompagne; le vice, un malaise séparé de l’humilité ou du remords.

David Hume, Dissertations sur les passions, section II, §6

Hume énonce sa théorie morale comme allant de soi: ce qui nous fait plaisir nous enchante (le Bien), alors que nous n’aimons pas ce qui nous est douloureux (le Mal).

Ce qui nous fait plaisir nous satisfait, c’est un plaisir de l’orgueil (sentiment important chez Hume); une chose que nous désapprouvons nous rend mal à l’aise, donc nous l’évitons (car ce qui nous est désagréable est lié à l’humilité).

Vivre selon une théorie morale qui ne nous plaît pas (par exemple, accomplir une action chaste mais désagréable uniquement au nom d’un «bien» moral) n’est pas viable. En amour, Hume nous invite donc à écouter ce qui plaît à notre partenaire, à flatter son plaisir et donc son orgueil, à ne pas agir au nom d’un «bien» abstrait, mais plutôt de se laisser guider par ce qui fait concrètement plaisir à chacun.