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Comment penser les espaces numériques d’un point de vue architectural, puisque la nature de ces espaces est fondamentalement différente de la spatialisation physique?

Dans son texte Vers une muséologie des architectures algorithmiques générée de l’intérieur (dans Quand le numérique marque-t-il l’architecture?, 2017), Wolfgang Ernst propose d’étudier l’architecture à partir de la notion d’archive, en ramenant la matérialité de l’informatique à l’avant-plan.

«La sonicité architecturale: écouter l’architecture informatique avec une oreille média-archéologique»
Vers une muséologie des architectures algorithmiques générée de l’intérieur

«La sonicité architecturale: écouter l’architecture informatique avec une oreille média-archéologique»

Plus précisément, il propose d’aborder l’architecture numérique par les processus sonores.

L’espace informatique peut être rendu explorable par d’autres moyens que la seule déambulation métaphorique à l’intérieur de l’architecture technique d’un ordinateur. On devrait s’attarder particulièrement à l’épistémologie relative au son (la sonicité) des architectures, celles-ci constituant des espaces, non pas au sens d’étendue physique, mais plutôt au sens de la notion structurelle, proposée par Marshall McLuhan, d’un espace acoustique.

Wolfgang Ernst

L’architecture peut ainsi être comprise non plus par l’espace, mais par des processus, et en particulier par une épistémologie sonore, qui témoigne de sa structure et de son mouvement.

Puisque c’est la temporalisation littérale des mathématiques par le biais d’algorithmes média-opérationnels qui constitue l’essence de l’information numérique, on doit modifier le mode sensoriel de présentation de l’archive, du mode visuel au mode auditif, en recourant à l’organe parmi les organes sensoriels est celui de la perception du temps. […] Étant donné que l’architecture se définit de plus en plus par des processus à mesure qu’elle devient plus numérique, l’archive authentique d’une telle architecture, qui consiste en des algorithmes générateurs, doit être présentée à notre sens auditif, éminemment sensible au temps.

Wolfgang Ernst

Iannis Xenakis, Étude pour Metastaseis (A), 1954. Collection Famille Xenakis.
Esquisses de musique stochastique

Iannis Xenakis, Étude pour Metastaseis (A), 1954. Collection Famille Xenakis.

L’architecte et compositeur Iannis Xenakis est l’une des rares figures à avoir approfondi les liens entre informatique, mathématiques, architecture et musique.

La mathématisation de la partition musicale tentée par Xenakis, aussi exceptionnelle et expérimentale fut-elle, pourrait-elle constituer quelque chose de plus qu’une singularité historique, un (nouveau) point de départ pour comprendre l’architecture numérique?