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Journal

Qu’est-ce qu’une information?

Dans un discours de 1987 intitulé L’art et les sociétés de contrôle, Gilles Deleuze propose d’envisager l’information comme un système de pouvoir:

Tout le monde le sait: une information, c’est un ensemble de mots d’ordre.

(Gilles Deleuze)

Au-delà d’une «évidence» à première vue rebutante, Deleuze souligne l’importance de cette définition pour aborder le «système du contrôle» à l’œuvre dans les sociétés de l’information:

Ce qui revient à dire que l’information, c’est exactement le système du contrôle. […] C’est évident sauf que ça nous concerne particulièrement aujourd’hui parce que nous entrons dans une société que l’on pourrait appeler une société de contrôle.

(Gilles Deleuze)

«Informer», c’est l’acte de dire «ce que vous êtes censé croire». Une «information» est communiquée à sens unique par son émetteur; elle n’est pas discutable, elle n’est pas soumise au processus dialectique; elle est émise, tout simplement, afin d’être reçue telle quelle.

Savoir, est-ce pouvoir?

L’autorité d’un savoir est distribuée en champs d’expertise, lesquels peuvent être discutés, remis en question, reconfigurés.

«L’information» devrait ainsi être distinguée du savoir, de la connaissance, dont l’usage n’est a priori soumis à aucune emprise ni restriction – sauf si les outils et les protocoles pour le manipuler le sont.

L’information est un ordre; le savoir est un outil convivial, démocratique, permettant l’autonomie.

Mais dans les environnements informationnels – et à plus forte raison dans une société (hyper)connectée – sur lesquels seuls quelques géants ont la mainmise, le savoir peut devenir le matériau d’un dispositif de pouvoir, la toile d’un système de contrôle.