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Le sociologue Émile Durkheim remarquait, il y a plus d’un siècle, l’effet pernicieux de la division du travail social à grande échelle:

[…] le plus remarquable effet de la division du travail n’est pas qu’elle augmente le rendement des fonctions divisées, mais qu’elle les rend solidaires. Son rôle dans tous ces cas n’est pas simplement d’embellir ou d’améliorer des sociétés existantes, mais de rendre possibles des sociétés qui, sans elles, n’existeraient pas. […] [M]ais, en tout cas, il dépasse infiniment la sphère des intérêts purement économiques; car il consiste dans l’établissement d’un ordre social et moral sui generis.

(Émile Durkheim, De la diviison du travail social, 1893)

Au lieu de «réciprocité» et d’«interdépendance», la division du travail est plutôt productrice de distance sociale, d’injustices et de désaccords. La fragmentation de la société, dont l’organisation est inextricablement liée à son régime économique, confine les individus (de plus en plus «solidaires») à une atomicité, synonyme d’impuissance. Diviser pour mieux régner.

Y a-t-il a toujours lieu de s’inquiéter de la division de la société?

Un siècle plus tard, sans doute plus que jamais.