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Dans leur texte de 1988 Typographie critique, Katherine McCoy et David Frej proposent, à l’aune des réactions des graphistes des écoles américaines et européennes, l’émergence d’une «nouvelle typographie» fondée non plus sur un perfectionnement de la forme, mais sur l’expression.

[…] on préfère désormais s’appuyer sur le sens du texte, en interaction avec l’iconographie et les symboles graphiques. Les meilleurs travaux semblent souvent n’avoir bénéficié d’aucune attention à la forme, et certains sont résolument anti-formels […]. En réaction à la perfection technique du graphisme grand public, le raffinement et la maîtrise sont fréquemment délaissés au profit de formes plus directes, rudimentaires, manuscrites ou vernaculaires – après tout, l’expertise technique n’impressionne aujourd’hui plus personne. Ces créateurs placent donc l’expression au-dessus du style.

(McCoy et Frej, 1988)

La conclusion, qui porte sur la sémantique, se dote d’un sens plus profond que jamais:

L’accent est mis sur l’expression par le contenu sémantique, l’utilisation du logiciel intellectuel qu’est le langage visuel en même temps que celle de la structure et de la grammaire graphique du modernisme. Il s’agit d’un processus interactif qui, en vertu du principe selon lequel l’art devance toujours les évolutions sociales, annonce l’émergence de l’économie de l’information, dans laquelle les significations sont aussi importantes que les matériaux.

(McCoy et Frej, 1988)

Ce texte, pourtant écrit avant l’invention du web, mérite d’être relu dans une société façonnée par l’architecture de l’information.